Le financement de la croissance d’une société peut être assuré via différents leviers. L’autofinancement généré par les revenus de l’activité, le financement bancaire ou la réalisation d’une levée de fonds ou plusieurs.
Les levées de fonds comportent des enjeux importants. Ils portent sur la gestion quotidienne de l’entreprise, les décisions stratégiques et le processus de revente. Nous vous proposons ainsi un rappel des points essentiels à la réussite de ces opérations.
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ToggleSolliciter des catégories d’investisseurs adaptées pour une levée de fonds
Cercle familiale et proches des fondateurs
Les premières levées de fonds des sociétés doivent être idéalement réalisées auprès du cercle familial ou des proches des fondateurs.
Cette love money sera généralement levée dans des conditions très favorables puisqu’une relation de confiance liera les investisseurs aux fondateurs. En particulier :
- ce type d’investisseur n’exigera pas de contrôler la gestion ou la rémunération des fondateurs ;
- aucun audit préalable ne sera généralement réalisé ;
- les tours ultérieurs pourront être réalisés sans contraintes puisqu’aucune clause anti-dilutive n’aura généralement été négociée.
Business angels
Lors des tours ultérieurs, ou lorsqu’un premier tour d’un montant important a vocation à être réalisé, les fondateurs se rapprocheront de réseaux de business angels. Ces derniers auront alors tendance à négocier plus durement leurs conditions d’entrée au capital.
Un pacte d’associés sera systématiquement conclu afin de limiter la liberté de gestion des fondateurs. Parmi les décisions importantes soumises généralement à l’autorisation des investisseurs figurent :
- l’embauche de salariés
- le versement d’une rémunération aux fondateurs autre que celle convenu dans l’accord initial
- les modifications majeures du business plan présenté aux business angels
- la conclusion de contrats entre les fondateurs et la société.
Les business angels ont cependant des exigences variables et moins contraignantes que celles des fonds d’investissement.
Fonds d’investissement
Les sociétés suffisamment matures ou qui hébergent un projet à très fort potentiel sont en position de faire appel aux fonds de private equity. Ces fonds ont vocation à souscrire des tickets de plusieurs centaines de milliers d’euros voire de plusieurs millions d’euros.
Faire appel à des fonds d’investissement permet ainsi de lever des montants importants, mais comporte certaines contraintes :
- les fonds d’investissement exigent généralement un taux de rendement, ce qui obligera la société à distribuer des dividendes prioritaires ou à rémunérer par des intérêts les sommes investis par le fonds sous forme d’obligations ;
- le manager du fonds d’investissement veillera à contrôler le niveau de relution du fonds d’investissement en négociant une clause de ratchet ;
- une option de sortie à moyen terme sera exigée. Il est en effet impératif pour un fonds de pouvoir déclencher un processus de revente de sa participation au-delà de trois ou quatre exercices. Le fonds d’investissement exigera parfois une répartition inégalitaire du prix de revente à son profit.
- la gestion des fondateurs sera étroitement contrôlée et le fonds d’investissement veillera à autoriser toute les opérations sensibles, réduisant ainsi la marge de manœuvre des dirigeants en place.
Veiller à conserver un bloc de contrôle en négociant la valorisation pour une levée de fonds
Conserver la majorité en assemblée générale
Quel que soit le type d’investisseur en présence, les fondateurs doivent veiller à négocier durement la valorisation de leur société.
En effet, plus la valorisation retenue pre-money ou post-money sera importante, plus le pourcentage ouvert aux investisseurs sera faible.
Or, la conservation de la majorité du capital de la société est un élément clef : la détention de 50% des actions offre le pouvoir de nommer les dirigeants en assemblée générale en gardant ainsi le contrôle sur la gestion courante. Il est donc impératif, pour les fondateurs, de maintenir leur niveau de détention au-delà de 50%.
Conserver une marge de dilution
Lors des premiers tours, il est recommandé d’ouvrir un pourcentage réduit du capital afin d’anticiper la réalisation d’un second ou d’un troisième tour. Il est ainsi conseillé de limiter l’ouverture du capital à 25% au premier tour afin de pouvoir lever à nouveau des fonds tout en conservant la majorité du capital.
Par ailleurs, en cas de réalisation d’un exit partiel consistant en la revente d’une partie seulement des actions détenues par les fondateurs, avoir conservé une marge de dilution permettra de maintenir un taux de participation suffisamment important pour garder le contrôle de la société.
Adopter une vision sur le long terme est donc de rigueur pour réussir sa levée de fonds.
Utiliser des instruments financiers adaptés
L’utilisation de titres financiers adaptés à la situation de la société est un élément déterminant pour l’efficacité de la levée de fonds, d’où l’importance de s’attacher les services d’un cabinet d’affaires spécialisé en levées de fonds.
Levée de fonds en actions
Les levées de fonds en actions nécessitent de synchroniser les négociations entre les différents investisseurs. Autrement dit, la négociation du pacte d’associés et des statuts de la société devra être réalisée entre les fondateurs et l’ensemble des investisseurs, ce qui est susceptible de ralentir le processus.
Par conséquent, la levée de fonds en actions est recommandée lorsqu’un nombre restreint d’investisseurs est présent ou en l’absence de contraintes de calendrier.
Levée de fonds en BSA Air
En cas d’urgence ou en présence d’un grand nombre d’investisseurs, la levée de fonds en BSA Air est adaptée.
Le BSA Air permet de lever des fonds au fil de l’eau. Via de multiples versements. Sans nécessité de synchroniser les négociations. Les souscripteurs de BSA Air entreront au capital lorsqu’un véritable tour de table en actions sera réalisé. Et cela, sur la base d’une valorisation décotée visant à récompenser leur prise de risque initiale.
Levée de fonds en obligations
L’obligation est un titre de dette émis par une société emprunteuse au profit d’un investisseur créancier. Contrairement à l’action ou au BSA Air, l’obligation doit être remboursée à son échéance. Ce qui nécessite, pour la société, de se refinancer auprès d’autres prêteurs. Mais aussi de procéder au remboursement sur ses fonds propres.
Par ailleurs l’obligation est rémunérée par des intérêts versés à échéances régulières. Tandis que l’action est rémunérée par des dividendes seulement versés en présence d’un bénéfice distribuable. Et cela, sous réserve d’un vote favorable de l’assemblée générale ordinaire.
Des levées de fonds plus complexes sont parfois mise en œuvre via des obligations remboursables en actions : le remboursement de l’emprunt obligataire n’est pas réalisé en cash mais en actions de la société, d’où la dénomination de “titre financier hybride”.