Le 17 août 2022, la Dares, le service de statistiques du ministère du Travail, a publié les résultats d’une étude ayant pour objectif de mesurer les effets de la formation professionnelle sur le retour dans la vie active des demandeurs d’emploi.
Cette étude compare les parcours de 1,2 million de demandeurs d’emploi entrés dans leur première formation professionnelle entre 2017 et 2019, avec des demandeurs d’emploi non formés ayant des caractéristiques similaires. À en croire les auteurs, les résultats de l’étude sont positifs et même significatifs.
Un impact réel à long terme
Si l’effet est encore très mesuré dans les six premiers mois, l’impact d’une formation professionnelle sur le retour à l’emploi se fait nettement sentir sur le plus long terme.
La probabilité pour un chômeur de trouver un emploi dans l’année suivant sa formation dépasse de 5,7 points celle des demandeurs d’emploi non formés. Cet écart s’accroît encore avec le temps : +8,8 points après un an et demi ; +9,2 points après deux ans.
Notons tout de même que les résultats diffèrent selon le type de formation suivie. Ainsi, les formations les plus efficaces pour retrouver un emploi sont celles qui permettent de se préparer concrètement à un travail, via une période de mise en situation en entreprise.
Ce résultat est à interpréter avec prudence. En effet, les formations dédiées à l’adaptation à un poste de travail sont logiquement corrélées à des offres d’emploi concrètes. À la sortie, la personne est donc quasiment assurée d’être embauchée.
Au contraire, les formations pré-qualifiantes, qui sont une sorte de remise à niveau avant de suivre une nouvelle session de formation complémentaire, plus qualifiante, sont celles qui ont le moins d’impact sur le retour à l’emploi. Parmi les personnes ayant suivi une première formation pré-qualifiante, 38 % d’entre elles ont suivi une seconde formation par la suite.
Un effet significatif quel que soit le niveau de diplôme
Les effets de la formation professionnelle sur l’embauche diffèrent selon le profil des demandeurs d’emploi, et particulièrement en fonction de l’âge et du niveau d’étude.
Dix-huit mois après une formation, le taux de retour à l’emploi des chômeurs avec un diplôme inférieur au bac et ayant suivi une formation est supérieur de 9,6 points à celui des chômeurs non formés avec le même niveau d’étude. L’écart diminue légèrement pour les demandeurs d’emploi avec un niveau bac+2 : +7,3 points. Il réaugmente ensuite pour ceux disposant d’un diplôme supérieur : +9,3 points.
Un impact supérieur pour les plus âgés
Pour finir, regardons le critère de l’âge. Les chômeurs de plus de 50 ans ayant suivi une formation ont beaucoup plus de chances d’être recrutés que ceux n’en ayant pas suivis (+17,1 points d’écart).
Ces résultats sont, encore une fois, à analyser avec précaution. Les plus de 50 ans ont en moyenne des taux de retour à l’emploi plus faibles (seulement 30% après un an et demi). Ils entrent aussi moins souvent en formation que les autres.
Un biais peut alors faire son apparition. Il est probable que les seniors soient embauchés principalement à partir de leurs softs skills (motivation, management, savoir-être…). Dans ce cas, l’impact de la formation professionnelle ne peut pas expliquer à lui seul le fossé entre les seniors formés ou non.
D’autres caractéristiques peuvent aussi influer. Les effets de la formation professionnelle sont plus élevés pour les chômeurs de longue durée (inscrits depuis plus d’un an) : +13,6 points. Ils sont aussi très significatifs pour les personnes souffrant de handicap : +12,2 points.
Voilà des chiffres qui devraient inciter le gouvernement à investir davantage dans la formation professionnelle des demandeurs d’emploi.
