La crise des subprimes à la fin des années 2000 et celle de la Covid, et d’autres entre temps, ont prouvé que les économies mondiales étaient dépendantes de facteurs imprévisibles. Pour le petit porteur individuel comme les gros porteurs institutionnels, cette situation est évidemment compliquée à gérer et induit du risque, de l’inflation, la frilosité des banques, des banques centrales et des marchés, et une économie au ralenti dont on aimerait plutôt se passer. C’est pourquoi nous vous faisons un point aujourd’hui sur les actifs à privilégier lors d’une crise économique.
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ToggleLe mythe des valeurs refuges
On parle bien souvent, trop souvent peut-être de valeur refuge en matière de finance et de Bourse. Le principe de la valeur refuge est d’être celle qui va naturellement faire face aux périodes de turbulences liées à une crise économique mondiale (ou continentale) plus ou moins profonde. S’il existe quelques valeurs refuges dont l’intérêt est indéniable, il faut tout de même en comprendre la portée avant d’investir dessus les yeux fermés.
L’or, la référence des valeurs refuge
Indéniablement, lorsque l’on dit valeur refuge on dit or. L’or, parce qu’il ne peut pas être imprimé, est une valeur très stable et qui n’est pas directement corrélé aux autres valeurs de l’économie. C’est une valeur si stable que toutes les grandes banques nationales ont en leur coffre une quantité variable d’or. Cela n’a d’ailleurs plus grande utilité, la monnaie n’étant pas adossée à la valeur de l’or, mais c’est un actif qui rassure. Aujourd’hui la France possède environ 2400 tonnes d’or dans ses coffres, les USA ont près du double.
Les obligations d’Etat
Quand les entreprises vont mal, quand l’économie vacille, quand les valeurs sont secouées, l’Etat reste droit dans la tempête et les plus grosses économies mondiales ne donnent aucune raison d’imaginer aujourd’hui qu’elles vont s’écrouler. Donc, acheter une reconnaissance de dette de la part d’un État, une obligation d’Etat, est une très bonne valeur refuge. C’est particulièrement vrai des pays notés triples AAA par les agences de notation financières. Les Etats-Unis et leur bon au porteur sont évidemment la référence ultime pour placer sereinement ses avoirs, ou ses milliards de dollars.
Les valeurs défensives
Une valeur défensive, c’est un titre dont on sait que, structurellement, il va pouvoir résister à une crise. Cela correspond à quelques secteurs d’activités qui sont toujours indispensables à la société comme l’alimentation, l’énergie ou encore la santé. Même en temps de crise, on continue d’alimenter, de se chauffer et de se soigner. Évidemment, il peut y avoir des variations, des baisses de la consommation, mais qui restent marginales et qui affectent peu ces entreprises dites valeurs défensives dont la vision est celle du long terme. Veolia, Danone ou Sanofi sont de bons exemples.
Les monnaies sûres
Il y a quelques monnaies qui sont des valeurs refuges. Instinctivement, on répond au dollar. Il faut penser aussi au Yen, moteur de l’Asie. En Europe, le franc suisse est une valeur sûre, notamment parce que la Suisse ne fait pas partie de l’Europe.
Les cryptomonnaies
Le sous-titre aurait mérité un point d’interrogation pour savoir si les monnaies décentralisées (en réalité seulement quelques cryptos comme le Bitcoin ou l’Ethereum) sont bien des valeurs refuge. Le BTC, par définition, n’est pas sensible à l’inflation et sa conception même en fait une monnaie avec un nombre réduit d’unités sur le marché. Cela ressemble à l’or et les médias n’hésitent plus, pour cette raison, à parler du Bitcoin comme valeur refuge. C’est tout de même oublier que si la tendance générale est haussière, les soubresauts de la monnaie crypto sont très importants et qu’elle reste sous le coup de possibles sanctions de la part des Etats.
Au-delà des valeurs refuge, une question de stratégie
En temps de crise, convertir l’ensemble de ses avoirs dans une valeur refuge n’aurait pas grand sens. Il est plutôt question d’avoir une stratégie pour limiter les risques ou ne pas se priver d’opportunités.
Valeur refuge et valeur cyclique
Le contraire de la valeur refuge, celle dont la valeur est stable, c’est la valeur cyclique. Sa valeur à elle est fluctuante, d’où le fait qu’elle ne soit pas un refuge économique. Si cette dernière peut plonger en période de crise, c’est aussi elle dont la valeur va exploser en premier quand la fin de la crise se profilera. La valeur refuge ne progresse que très peu dans cette période. Il y a donc une opportunité à saisir en se plaçant sur une valeur cyclique au bon moment de la crise.
Attention à la reprise
Un rebond de la bourse n’est pas la fin de la crise. La Bourse anticipe naturellement la fin de la crise, en se trompant parfois. Cela donne une courbe des actions qui reprend, cela donne une envie d’investissement, mais ce n’est qu’un mirage car la crise n’est pas passée. Attention donc à bien réfléchir à l’opportunité que l’on s’offre et de ne pas se faire avoir.
L’immobilier n’est pas une valeur sûre
En France particulièrement, on aime dire que la pierre est une valeur refuge, qu’investir dans une maison est toujours le meilleur des placements. Quand l’économie va bien, c’est une assertion juste. Mais en temps de crise, l’immobilier se retrouve aussi fragile qu’un autre actif, notamment parce que l’offre devient supérieure à la demande. La crise financière des subprimes de l’année 2008 en est un très bon exemple.
Chaque crise économique met à mal le système financier qui se voit contraint à une période de ralentissement voire de récession. C’est tout le système qui est alors impacté. Les taux d’intérêts augmentent, les prix aussi, l’investissement se fait moins présent, la croissance est en berne, les ménages n’ont plus de perspective de moyen terme. C’est tout le secteur économique et financier, et donc par ricochet, tous les pans de la société qui sont impactés par une crise économique. La valeur refuge est donc un réflexe naturel et les valeurs présentées ici sont les plus interessantes. Mais elles ne le seront qu’à partir du moment où vous aurez mis au point un plan ou une stratégie pour savoir repartir avec l’économie au bon moment.