Formations en ligne : entre formateurs bidon et arnaques

arnaque formation en ligne

En 2015, la formation en ligne représentait 51,5 milliards de chiffre d’affaires à l’échelle mondiale[1]. Aujourd’hui, elle connaît un boom phénoménal, notamment par le biais de l’infoprenariat (comprenez « information » et « entrepreneur » avant contraction), tendance qui consiste à monnayer ses connaissances et à en faire un véritable business. Fleurissent sur le Net une multitude de formations plus ou moins douteuses, qui vous promettent réussite, bonheur et fortune. Mais derrière ces beaux appâts, que se cache-t-il exactement ?

Un business dominé par l’amateurisme

Une pseudo-profession qui n’est pas encadrée

Sachez-le, tout le monde peut devenir infopreneur. Même pas besoin d’être bardé de diplômes attestant de vos compétences pour former des gens dans un domaine.

Il vous suffit d’être équipé d’un smartphone pour réaliser des vidéos à l’amateurisme criant, d’avoir des communautés d’amis bien garnies sur les réseaux sociaux et de posséder une tchatche d’enfer pour convaincre les potentiels clients.

Pour enrober le tout d’un semblant de professionnalisme, il ne reste plus qu’à prendre le statut d’autoentrepreneur et obtenir le précieux sésame : un numéro de Siret qui vous intronise Grand Lama de la formation en ligne.

Ne généralisons pas !

Evidemment, certains infopreneurs ont un réel talent et proposent des formations sérieuses et enrichissantes. Ils les dispensent même avec une véritable passion et des qualités de pédagogue.

Oui, mais voilà, il y a toujours ceux qui cherchent à profiter d’un bon filon pour se faire de l’argent. Et force est de constater qu’on assiste à une invasion planétaire d’amateurs sans scrupule, bien déterminés à transformer les internautes en pompes à fric.

Des formations de médiocre qualité

En 2016 en France, on dénombrait environ 150 000 infopreneurs, générant un chiffre d’affaires total de 80 millions d’euros[2]. Pas étonnant que certains s’en soient fait une vraie spécialité dans l’espoir de se constituer un petit pactole. Si on considère que 90 % d’entre eux ne sont pas des professionnels dignes de ce nom, vous conviendrez qu’il ne reste plus grand monde sur le podium…

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Vous voulez un exemple concret ? Udemy est une plateforme qui regroupe une vaste communauté de formateurs proposant leurs services. Or, sa seule exigence en matière de compétences est une garantie sur l’honneur. En un mot, le simple fait de s’inscrire sur la plateforme constitue une preuve irréfutable que l’on a le niveau requis. Avouez que c’est un peu léger comme charte d’utilisation pour une collaboration professionnelle.

Ces plateformes sont donc complices des dérives de l’infoprenariat. Mais elles ont tout intérêt à entrer dans la combine car elles réalisent de beaux profits.

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Une activité loin d’être lucrative

Une rentabilité limitée

L’infoprenariat n’est pas une affaire en or. La plupart des personnes gagnent des clopinettes, qui n’aident même pas à mettre une lichette de beurre dans les épinards. 5 % des infopreneurs gagnent plus de 100 000 euros par mois, tandis que 10 % affichent un chiffre d’affaires de 24 000 euros mensuels. Les autres, soit plus de 80 %, gagnent moins de 1 000 euros brut par mois, voire rien du tout[3].

Bienvenue à la foire d’empoigne !

Ceux qui ne font pas partie du peloton de tête sont prêts à tout pour se démarquer face à un marché de l’infoprenariat saturé. Les formateurs en ligne deviennent des super-héros Marvel aux pouvoirs stupéfiants, capables de démultiplier leurs compétences à l’infini. Simon Caporossi surfe sur le webmarketing et l’hypnose. Cédric Annicette vous propose une belle brochette de formations en matière de bourse, d’investissement immobilier, de santé et de webmarketing.

A côté des trois domaines de prédilection que sont le développement personnel, les investissements financiers et l’entreprenariat, apparaissent également les formations les plus farfelues. Vous pouvez vous former pour ranger vos placards, vous auto-hypnotiser, lutter contre la mauvaise haleine ou « bétonniser » votre érection !

L’arnaque taille XXL

Le nec plus ultra consiste à proposer des formations sur l’art de former. Vous remarquerez qu’entre l’art de former et l’art d’enfumer, il n’y a qu’un pas, pour ne pas dire quelques lettres.

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Les formateurs se targuent d’avoir suivi des séminaires pour acquérir leurs compétences. Le problème étant que ces séminaires sont organisés par des personnes qui ne sont pas plus qualifiées. C’est là qu’on prend conscience de la vaste supercherie que constitue l’infoprenariat, hormis quelques exceptions.

homme qui suit une mauvaise formation

Gare aux techniques de bonimenteur

Des manipulations sous le manteau

Pour mieux vous attirer dans leurs filets, les infopreneurs étalent leur succès sur Snapchat, Facebook ou YouTube à coup de liasses de billets, de paysages de rêve ou de Lamborghini flambant neuves. Mais à l’heure où il est si facile de truquer des photos, quel crédit apporter à ces images ?

Ils usent aussi de tactiques crapuleuses. Ils affichent la gloire de supposés clients ou bien travaillent en partenariat avec des sites d’avis en ligne. Certains payent même des pseudo-interviews auprès de grands médias, comme Laurent Chenot, surnommé le gourou du trading,  avec BFM TV et Le Figaro. Où est l’objectivité dans tout ça ?

Des promesses alléchantes

Les infopreneurs aguichent les internautes en leur promettant de doubler ou tripler leur salaire en travaillant moins. Ils vous garantissent même de devenir en quelques jours l’as des as dans un domaine, même si vous n’y connaissez rien.

Le top du top, c’est Jean-Marie Corda qui vous propose, entre deux séances de sex-coaching, de devenir un expert en cryptomonnaie en consacrant une minute par jour à votre apprentissage sur 5 mois. Bref, en 2 h 30 au total, vous devenez le trader du siècle !

Tout ceci bien sûr à condition d’acheter leurs formations. Sans cela, vous resterez un médiocre, comme le suggère la formule consacrée qui s’affiche à l’écran quand vous refusez d’acheter leurs formations : « Non merci, je préfère stagner ». Non contents de vous avoir balancé de la poudre aux yeux au point de vous en donner une conjonctivite, ils vous insultent avant que vous ne quittiez leur site. Très fair play !

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Des techniques de vente contestables

Pour vous inciter à acheter, tous les moyens sont bons. Certains proposent sur leur site différents niveaux de formation : du bas de gamme au niveau premium. Autant dire qu’en fonction de vos moyens, on vous forme plus ou moins bien. Soit vous êtes ric-rac et vous optez pour la formule « tarte aux fraises sans les fraises ». Soit vous avez les moyens et vous ajoutez de la crème chantilly. Franchement, ça laisse légèrement perplexe quant à la déontologie de ces formateurs si bien intentionnés.

jeune homme qui perd de l'argent formation en ligne bidon

Attention : gouffre financier en vue !

Des formations onéreuses

Quand on fait le tour des formations en ligne, on s’aperçoit que les tarifs tournent en général entre 1 000 euros et 5 000 euros pour les versions Prestige. Parfois, vous ne débourserez que 100 ou 200 euros. Sauf qu’on vous invite à prendre des modules complémentaires et la note grimpe en flèche.

Le fondateur de LearnyBox, Lorenzo Pancino, vous fait miroiter des réductions faramineuses qui ne tiennent pas la route. Une formation à 2 997 euros au lieu de 11 485 euros[4], vous y croyez vraiment ? Ça sent l’entourloupe à plein nez.

En 2020, Laurent Chenot (encore lui !) s’est fait épingler par l’Autorité des marchés financiers[5]. Exerçant sans agrément et donc en toute illégalité, il a fait perdre des milliers d’euros en mauvais placements à ses clients. Bravo, l’expert formateur !

Un système d’escroquerie à la chaîne

Le pire, c’est que les formateurs en ligne font les frais du système dont ils cherchent à tirer profit. Beaucoup sont obligés de recourir à des plateformes spécialisées, comme AlfangeAcademy, LearnyBox ou Teachable. Certes, ils profitent ainsi d’un vaste réseau de contacts, mais le revers de la médaille est salé : pour ses bons et loyaux services, la plateforme prélève une somme sur les ventes réalisées par l’infopreneur. Chez BeTeachr, le montant s’élève à 50 % : 10 % pour la plateforme et 40 % pour les affiliés qui ont trouvé des clients au formateur[6]. Sans compter l’abonnement mensuel ! Un système qui rappelle étrangement les principes de la vente pyramidale, même si AlfangeAcademy, la maison mère de BeTeachr, prétend haut et fort le contraire[7]. S’il ne fallait retenir qu’une chose, ce serait celle-ci : le mythe de la formation en ligne à l’efficacité immédiate est un leurre. Si vous désirez vous former sur un sujet, bannissez les formateurs multi-casquettes qui semblent avoir la science infuse dans tous les domaines.


Sources :

[1] [2] https://www.journaldunet.com/management/vie-personnelle/1197711-l-infopreneuriat-une-alternative-devenue-un-veritable-metier/

[3] https://www.consultant.borisfoucaud.com/infopreneur-mythes-realite/

[4] https://www.impact-maximum.com/

[5] https://www.amf-france.org/fr/actualites-publications/communiques/communiques-de-lamf/lamf-appelle-les-epargnants-la-plus-grande-vigilance-face-certaines-activites-de-laurent-chenot

[6] https://beteachr.com/fr/become_teacher

[7] https://alfange.com/alfange-academy-production-ponzi/

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